Méthodologie : La problématique de la dissertation, suite et fin !
Aujourd’hui, on continue sur notre lancée avec un article de notre rubrique « Méthodologie » en partenariat avec
L’étape de problématisation d’un sujet de culture générale est sans doute celle qui effraie le plus les candidats lors d’une épreuve de dissertation… Dans notre précédent article, nous avions montré une méthode classique, un guide, pour tenter d’élaborer une problématique cohérente et intéressante…Mais il existe d’autres façons de faire, et ce, rien qu’en observant la structure de votre sujet…
-
Le sujet citation
Les sujets citations sont toujours délicats car il s’agit le plus souvent de comprendre la thèse qui se cache derrière la citation. Lorsque cette thèse est évidente, il vous suffit donc, pour problématiser, d’expliciter cette thèse et de l’interroger à partir des mêmes conseils que pour tout autre sujet. Dans la plupart des cas de sujets citation, on ne vous demandera pas de connaissances particulières du contexte de la citation.
Prenons un exemple simple pour comprendre le principe :
Exemple 1 : Comment traiteriez-vous le sujet suivant : « Il n’est point de secrets que le temps ne révèle » commenter et discuter cette citation de Jean Racine dans Britannicus en 1670. ?
On comprend très vite la thèse qui vise le secret par rapport au temps et particulièrement le fait que le temps qui passe, nuit il à la longévité du secret. Entre le temps présent et le temps passé, peut-on dire davantage de l’un ou de l’autre que les secrets peuvent rester véritablement hermétiques…Par le temps présent qui peut se définir sous les phénomènes de Facebook et Instagram, sous celui des réseaux sociaux où chacun se dévoile, à l’époque de WikiLeaks, des théories du complot et de la transparence, avoir des secrets ne paraît-il pas un peu anachronique voire incompatible.
D’où les questions à se poser par exemple :
Peut-on encore en avoir des secrets ?
Était-il davantage possible de conserver ces secrets avant tous ces moyens d’un nouveau temps ?
Car il y aura toujours et encore des non-dits, de l’inconscient et des mensonges au moins par omission… Tout dire semble bien impossible..pour donner du sens à votre problématique, il convient d’envisager des angles d’attaque à la question… : politique, libertés, transformation etc.…
-
Le sujet question
Nous avions vu dans l’article précédent comment problématiser les sujets questions dont la réponse était possible par « oui » ou par « non », il est plus difficile de trouver une problématique lorsque le sujet n’est pas présenté sous cette forme de réponse possible…
Exemple 2 : Qui a-t-il encore de secret à l’heure du numérique ?
Dans ce sujet, la problématique ne se comprend pas immédiatement et simplement dans l’opposition du oui et du non. Encore une fois, servez-vous de votre analyse du sujet : elle a dû vous donner les éléments nécessaires à la problématisation.
En analysant l’expression « heure du numérique », vous devez voir qu’il y a des choses qui doivent, dans l’histoire du numérique, se mouvoir pour qu’il y ait une heure, une ère du numérique. Or, il y a des réalités qui peuvent véritablement marquer « l’heure du numérique » : l’efficacité technique, l’économie numérique, la société du tout-numérique, les enjeux de nouveaux pouvoir par exemple. Ce sont tous ces éléments qui, en s’imbriquant, constituent l’heure du numérique. C’est donc parmi ces éléments que l’on trouvera notre réponse. On peut alors se demander si c’est l’un de ces éléments, plus que les autres, possède un lien particulier avec le secret (et si oui, lequel), si ce lien permet-il encore de conserver des secrets…on revient un peu alors sur certains points à l’analyse et la problématique de l’exemple 1…
En analysant l’expression « avoir encore du secret », c’est se demander comment les invariants du secret s’articulent avec l’innovation technologique. Et les réponses peuvent varier en fonction de la place prépondérante de l’un ou de l’autre :
- Plus il y a de numérique, plus il y a de secrets.
- Plus il y a de secrets, plus il y a de moyens de les percer (bénéficiant du numérique).
- L’information au travers les nouvelles technologies devient l’arme, la cible et l’enjeu de la période
3.Le sujet sans question
Ce type de sujet, qui ne se présente pas sous la forme de question, est sans doute celui qui effraie le plus. Ici encore votre analyse des termes du sujet est cruciale.
Exemple 3 : « Jouir du secret »
Comment alors appréhender ce type de problématique ? Pour « jouir d’un secret » …, c’est à partir de cette analyse que l’on cerne le problème.
D’une part, nous savons que le « jouir » était la possession, l’exploitation possible donc l’action et même en tirer le bénéfice. Les motivations du secret sont diverses, comme le sont les intérêts qu’il sert. Outre le pouvoir et le profit, elles touchent au lien social (partager un secret) et au conflit (en être, par opposition à ceux qui ne savent pas ou n’en jouissent pas), au prestige attaché à la détention de certains secrets, voire au salut : les initiés seront sauvés. On se cache aussi par crainte, par pudeur ou par amitié ; et il semble qu’à l’ère du numérique et des réseaux sociaux le plaisir d’avouer en ligne accélère l’obsolescence du confessionnal.
D’autre part, nous savons aussi que « jouir » s’opposait à ne pas détenir, mais aussi à ne pas l’exploiter. Si l’on part donc du caractère négatif de ne pas en jouir, on pourra tout de suite se demander si ce négatif est, en effet, irrémédiablement négatif ou s’il ne peut pas y avoir quelque chose de positif dans la non jouissance. Nous avons donc deux pistes de problématisation : « jouir d’un secret », est-ce nécessairement positif ? (Prestige, pouvoir bénéfice social) et « la non jouissance, est-ce quelque chose de tout de même positif dans certains cas ? ».
Lorsque vous vous retrouvez ainsi en présence de plusieurs questions qui constituent des pistes pour la problématisation, efforcez-vous de toujours choisir celle qui est la plus générale et qui englobe l’autre. Ici, c’est clairement la première. On pourra donc formuler ainsi la problématique : « jouir d’un secret, est-ce bénéficier de quelque chose, et si oui, est-ce bénéficier de quelque chose de positif ? ».
-
Le sujet dualité
Les sujets où l’on rencontre un couple de notions présentent une complexité pour trouver la véritable problématisation car le risque est de tomber une problématique banale.
Exemple 4 : « Numérique et société ».
Les deux termes ne s’opposent pas forcément en première approche et cela constitue autant un point de départ aussi bien qu’une difficulté à surmonter, car vous gagnerez en originalité en évitant la dualité sans doute trop évoquée par la plupart des candidats entre opposition et complémentarité des deux notions. On pourra donc partir du déséquilibre entre le numérique et son apport à l’égard de la société ou bien l’apport de la société dans le rôle que l’on peut observer à l’utilisation du numérique, déséquilibre qui tient d’une part au fait que l’on évoque bien plus le premier que le second : utopie du savoir universel, fracture numérique, évolution de la sociabilité, la redistribution des pouvoirs de la société…
Ce déséquilibre est enfin lié à la différence de plus en plus marquée entre société de liberté ou de surveillance. Ainsi, à partir de l’analyse de ces deux notions, on peut déplacer l’articulation entre les deux en passant de la question de la liberté comme idéal à la question du déséquilibre vers la surveillance qui nous permet de nous demander si (et comment) il est possible de rééquilibrer les deux, de les réconcilier en leur accordant une place égale par une nouvelle manière de penser et accepter des valeurs ou comportements ambivalents.
-
Le sujet en un seul mot
Il est sans doute le plus difficile à problématiser. En l’absence de question, en l’absence de plusieurs notions, comment en effet faire apparaître la tension, la dualité nécessaire à la problématisation ?
En l’absence de référence ou d’exemple vous permettant de voir les différents aspects de la notion, il est possible, me semble-t-il, d’utiliser pour faciliter la problématisation des théories d’analyse comme la règle des 7 questions : QQOQCCP, pour « Qui ? Quoi ? Où ? Quand ? Comment ? Combien ? Pourquoi ?, le triptyque : causes, conséquences et évolutions possibles ou encore la règle des quatre causes en observant votre mot sous 4 angles : cause formelle, cause matérielle, cause finale, cause efficiente.
Cet article est publié dans le cadre d’un partenariat avec Madissertation.fr
À propos
Les Sciences Po et moi
Un blog dédié à l’accompagnement des étudiants préparant les concours Sciences Po !
Conseils, astuces de révisions, témoignages d’étudiants, informations sur les différents IEP, méthodologie… Ici, vous trouverez les clés de la réussite aux concours Sciences Po.
Tremplin le MAG |
|
Février 2018Lorem per hoc minui studium suum existimans Paulus, ut erat in conplicandis negotiis artifex dirus, unde ei Catenae inditum est cognomentum, vicarium ipsum eos quibus praeerat adhuc defensantem ad sortem periculorum communium traxit. |
|
+ de Mags |
Populaires
Concours Commun – Bibliographie sur l’alimentation et la peur
« L’alimentation » est un des deux thèmes à travailler cette année pour réussir l’épreuve de Questions contemporaines du concours commun 2024. Nous avons rassemblé pour vous de nombreuses ressources (films, documentaires, podcasts) ; cette sélection soigneusement...
lire plusConcours Commun – Bibliographie sur l’alimentation et la peur
« La peur » et « L’alimentation » sont les deux thèmes à travailler cette année pour réussir l’épreuve de Questions contemporaines du concours commun. Dans la continuité de nos articles précédentes, voici une nouvelle série de références pour compléter votre...
lire plusQuestions contemporaines – Bibliographie sur le thème de La Peur
« La peur » et « L’alimentation » sont les deux thèmes à travailler cette année pour réussir l’épreuve de Questions contemporaines du concours commun. Après vous avoir proposé quelques références pour appréhender le nouveau thème de l’édition 2023 — L'alimentation —,...
lire plusMéthodologie : La problématique de la dissertation, suite et fin !
Aujourd’hui, on continue sur notre lancée avec un article de notre rubrique « Méthodologie » en partenariat avec
L’étape de problématisation d’un sujet de culture générale est sans doute celle qui effraie le plus les candidats lors d’une épreuve de dissertation… Dans notre précédent article, nous avions montré une méthode classique, un guide, pour tenter d’élaborer une problématique cohérente et intéressante…Mais il existe d’autres façons de faire, et ce, rien qu’en observant la structure de votre sujet…
-
Le sujet citation
Les sujets citations sont toujours délicats car il s’agit le plus souvent de comprendre la thèse qui se cache derrière la citation. Lorsque cette thèse est évidente, il vous suffit donc, pour problématiser, d’expliciter cette thèse et de l’interroger à partir des mêmes conseils que pour tout autre sujet. Dans la plupart des cas de sujets citation, on ne vous demandera pas de connaissances particulières du contexte de la citation.
Prenons un exemple simple pour comprendre le principe :
Exemple 1 : Comment traiteriez-vous le sujet suivant : « Il n’est point de secrets que le temps ne révèle » commenter et discuter cette citation de Jean Racine dans Britannicus en 1670. ?
On comprend très vite la thèse qui vise le secret par rapport au temps et particulièrement le fait que le temps qui passe, nuit il à la longévité du secret. Entre le temps présent et le temps passé, peut-on dire davantage de l’un ou de l’autre que les secrets peuvent rester véritablement hermétiques…Par le temps présent qui peut se définir sous les phénomènes de Facebook et Instagram, sous celui des réseaux sociaux où chacun se dévoile, à l’époque de WikiLeaks, des théories du complot et de la transparence, avoir des secrets ne paraît-il pas un peu anachronique voire incompatible.
D’où les questions à se poser par exemple :
Peut-on encore en avoir des secrets ?
Était-il davantage possible de conserver ces secrets avant tous ces moyens d’un nouveau temps ?
Car il y aura toujours et encore des non-dits, de l’inconscient et des mensonges au moins par omission… Tout dire semble bien impossible..pour donner du sens à votre problématique, il convient d’envisager des angles d’attaque à la question… : politique, libertés, transformation etc.…
-
Le sujet question
Nous avions vu dans l’article précédent comment problématiser les sujets questions dont la réponse était possible par « oui » ou par « non », il est plus difficile de trouver une problématique lorsque le sujet n’est pas présenté sous cette forme de réponse possible…
Exemple 2 : Qui a-t-il encore de secret à l’heure du numérique ?
Dans ce sujet, la problématique ne se comprend pas immédiatement et simplement dans l’opposition du oui et du non. Encore une fois, servez-vous de votre analyse du sujet : elle a dû vous donner les éléments nécessaires à la problématisation.
En analysant l’expression « heure du numérique », vous devez voir qu’il y a des choses qui doivent, dans l’histoire du numérique, se mouvoir pour qu’il y ait une heure, une ère du numérique. Or, il y a des réalités qui peuvent véritablement marquer « l’heure du numérique » : l’efficacité technique, l’économie numérique, la société du tout-numérique, les enjeux de nouveaux pouvoir par exemple. Ce sont tous ces éléments qui, en s’imbriquant, constituent l’heure du numérique. C’est donc parmi ces éléments que l’on trouvera notre réponse. On peut alors se demander si c’est l’un de ces éléments, plus que les autres, possède un lien particulier avec le secret (et si oui, lequel), si ce lien permet-il encore de conserver des secrets…on revient un peu alors sur certains points à l’analyse et la problématique de l’exemple 1…
En analysant l’expression « avoir encore du secret », c’est se demander comment les invariants du secret s’articulent avec l’innovation technologique. Et les réponses peuvent varier en fonction de la place prépondérante de l’un ou de l’autre :
- Plus il y a de numérique, plus il y a de secrets.
- Plus il y a de secrets, plus il y a de moyens de les percer (bénéficiant du numérique).
- L’information au travers les nouvelles technologies devient l’arme, la cible et l’enjeu de la période
3.Le sujet sans question
Ce type de sujet, qui ne se présente pas sous la forme de question, est sans doute celui qui effraie le plus. Ici encore votre analyse des termes du sujet est cruciale.
Exemple 3 : « Jouir du secret »
Comment alors appréhender ce type de problématique ? Pour « jouir d’un secret » …, c’est à partir de cette analyse que l’on cerne le problème.
D’une part, nous savons que le « jouir » était la possession, l’exploitation possible donc l’action et même en tirer le bénéfice. Les motivations du secret sont diverses, comme le sont les intérêts qu’il sert. Outre le pouvoir et le profit, elles touchent au lien social (partager un secret) et au conflit (en être, par opposition à ceux qui ne savent pas ou n’en jouissent pas), au prestige attaché à la détention de certains secrets, voire au salut : les initiés seront sauvés. On se cache aussi par crainte, par pudeur ou par amitié ; et il semble qu’à l’ère du numérique et des réseaux sociaux le plaisir d’avouer en ligne accélère l’obsolescence du confessionnal.
D’autre part, nous savons aussi que « jouir » s’opposait à ne pas détenir, mais aussi à ne pas l’exploiter. Si l’on part donc du caractère négatif de ne pas en jouir, on pourra tout de suite se demander si ce négatif est, en effet, irrémédiablement négatif ou s’il ne peut pas y avoir quelque chose de positif dans la non jouissance. Nous avons donc deux pistes de problématisation : « jouir d’un secret », est-ce nécessairement positif ? (Prestige, pouvoir bénéfice social) et « la non jouissance, est-ce quelque chose de tout de même positif dans certains cas ? ».
Lorsque vous vous retrouvez ainsi en présence de plusieurs questions qui constituent des pistes pour la problématisation, efforcez-vous de toujours choisir celle qui est la plus générale et qui englobe l’autre. Ici, c’est clairement la première. On pourra donc formuler ainsi la problématique : « jouir d’un secret, est-ce bénéficier de quelque chose, et si oui, est-ce bénéficier de quelque chose de positif ? ».
-
Le sujet dualité
Les sujets où l’on rencontre un couple de notions présentent une complexité pour trouver la véritable problématisation car le risque est de tomber une problématique banale.
Exemple 4 : « Numérique et société ».
Les deux termes ne s’opposent pas forcément en première approche et cela constitue autant un point de départ aussi bien qu’une difficulté à surmonter, car vous gagnerez en originalité en évitant la dualité sans doute trop évoquée par la plupart des candidats entre opposition et complémentarité des deux notions. On pourra donc partir du déséquilibre entre le numérique et son apport à l’égard de la société ou bien l’apport de la société dans le rôle que l’on peut observer à l’utilisation du numérique, déséquilibre qui tient d’une part au fait que l’on évoque bien plus le premier que le second : utopie du savoir universel, fracture numérique, évolution de la sociabilité, la redistribution des pouvoirs de la société…
Ce déséquilibre est enfin lié à la différence de plus en plus marquée entre société de liberté ou de surveillance. Ainsi, à partir de l’analyse de ces deux notions, on peut déplacer l’articulation entre les deux en passant de la question de la liberté comme idéal à la question du déséquilibre vers la surveillance qui nous permet de nous demander si (et comment) il est possible de rééquilibrer les deux, de les réconcilier en leur accordant une place égale par une nouvelle manière de penser et accepter des valeurs ou comportements ambivalents.
-
Le sujet en un seul mot
Il est sans doute le plus difficile à problématiser. En l’absence de question, en l’absence de plusieurs notions, comment en effet faire apparaître la tension, la dualité nécessaire à la problématisation ?
En l’absence de référence ou d’exemple vous permettant de voir les différents aspects de la notion, il est possible, me semble-t-il, d’utiliser pour faciliter la problématisation des théories d’analyse comme la règle des 7 questions : QQOQCCP, pour « Qui ? Quoi ? Où ? Quand ? Comment ? Combien ? Pourquoi ?, le triptyque : causes, conséquences et évolutions possibles ou encore la règle des quatre causes en observant votre mot sous 4 angles : cause formelle, cause matérielle, cause finale, cause efficiente.
Cet article est publié dans le cadre d’un partenariat avec Madissertation.fr
0 commentaires
Soumettre un commentaire
Tremplin le MAG |
|
Février 2018Lorem per hoc minui studium suum existimans Paulus, ut erat in conplicandis negotiis artifex dirus, unde ei Catenae inditum est cognomentum, vicarium ipsum eos quibus praeerat adhuc defensantem ad sortem periculorum communium traxit. |
|
+ de Mags |
Populaires
Concours Commun – Bibliographie sur l’alimentation et la peur
« L’alimentation » est un des deux thèmes à travailler cette année pour réussir l’épreuve de Questions contemporaines du concours commun 2024. Nous avons rassemblé pour vous de nombreuses ressources (films, documentaires, podcasts) ; cette sélection soigneusement...
lire plus
0 commentaires